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Longtemps, il s’est cru photographe.
Mais ce qu’il capture, Emmanuel Guillaud ne s’en sert que comme la matière première d’installations labyrinthiques. Il compose ce qu’il se plaît à appeler des « black box » soit des environnements sombres ponctuellement révélés par la lumière de projections.
Sorte de diaporama tentaculaire, Until the sun rises est un projet se renouvelant régulièrement, selon le lieu où il est présenté. Les images projetées proviennent cependant toujours de la même source : des photographies prises au Japon lors de longues errances nocturnes dans des parkings, des lieux abandonnés ou sur des routes bétonnées. Des corps s’y glissent parfois discrètement, se mêlant alors à ceux des visiteurs. Plongés dans le dispositif, ces derniers deviennent peu à peu acteurs d’un théâtre d’ombres, et l’artiste, « maître en fantasmagories ».
Sans titre (des lignes) s’écarte de sa production habituelle. Si nous n’avons plus affaire à une « black box », la dimension fantasmagorique (étymologiquement « l'art de faire parler les fantômes en public ») reste très présente. Le visage d’une femme, les yeux dans le vide, est projeté sur une succession de voiles. L’avancée de lumière est progressivement ralentie par les couches de tissus et l’image s’efface en conséquence.
En intrigant ainsi le visiteur, Emmanuel Guillaud rend hommage à Marlow Moss, artiste à la pointe de l’avant-garde du XXème siècle et fondatrice, avec Jean Arp notamment, de l’association Abstraction-Création. L’Histoire de l’art, avec sa grande hache, lui a cependant préféré la figure masculine de Piet Mondrian. Au delà d’une réflexion sur la place des femmes dans l'art, et d’un hommage aux artistes oubliés, cette traduction poétique d’une disparition est l’occasion de s’interroger : comment laisser sa trace ?
Emmanuel Guillaud a développé son travail au Japon et exposé au Musee d’art contemporain de Tokyo (2005 et 2010) et au Musee d’Art de Singapour (2011). Pour engager une recherche sur sa pratique, il passe une maîtrise d’Arts Plastiques à la Sorbonne. Il expose actuellement « Documents » à ONE Archives, Los Angeles et “until the sun rises” au Pavillon Vendôme, centre d’art contemporain de Clichy. Il est également nominé pour le prix Pictet 2015.
- Manon Klein, commissaire de l'expositon Ravages, Le Point Éphémère, 2015
Extrait du catalogue